Chaque année, des accidents surviennent lorsque des collectionneurs de militaria, promeneurs ou prospecteurs, découvrent et tentent de déplacer ou nettoyer, voire de démonter, des engins de guerre tels que grenades, obus qu’ils viennent de trouver ! Les prospecteurs à pied armé d’un détecteur retrouvent régulièrement et souvent par hasard des vestiges de ces périodes de guerres. D’après un rapport du Sénat, il y aurait 11 morts ou blessés en France chaque année… ! Toutes les régions regorgent d’objets militaires enfouis, pas que les zones de guerre en Picardie ou dans l’est. Pourtant la collection militaria, si pratiquée dans les règles de l’art, est un beau passe-temps qui nous permet de nous remémorer des périodes troublées de notre histoire pas si lointaine. Il n’y a pas que des munitions et des armes à trouver mais des objets bien moins dangereux comme des boutons, objets usuels du soldat etc…Dans ce dossier que nous enrichirons au fil des mois et années, nous allons vous présenter les principales découvertes, comment les identifier mais également quel matériel utiliser, le tout en limitant tout risque d’explosion.

Qu’est ce que le militaria ? Que peut on trouver ?
Il y a tout d’abord le bon militaria, à savoir les objets non explosifs que sont les éléments d’uniforme (boutons, casques, boucle de ceinture) ainsi que les objets usuels (rasoirs, briquets, boite sà cigare, restes de rations, médailles…). *

S’ajoute aussi à cela les plaques de soldat. de nombreux prospecteurs parviennent à retrouver à qui elles ont appartenu grâce à des sites comme Memoiredeshommes ou grace au travail d’association comme DIRR. Nous avons faire paraitre dans le magazine de nombreux articles de prospecteurs qui retournent à des descendants de soldats les plaques de leurs aïeuls. Ce genre de geste honore notre loisir.

Pour ce qui est du mauvais militaria, il dessert notre image. Ne nous voilons pas la face, de nombreux collectionneurs ne se contentent pas de ces objets inoffensifs, mais sont à la recherche d’armes et munitions. Ils les ramènent chez eux, les démilitarisent et parfois c’est l’accident. Ce genre de comportement nous est préjudiciable et donne des arguments à nos détracteurs qui nous font passer pour de dangereux démineurs fous !

Les pêcheurs à l’aimant remontent parfois des obus des canaux et rivière; il n’en a pas fallu davantage pour que les “anti pêche à l’aimant” prétexte ce danger pour qu’une circulaire du ministère de l’intérieure soit émise et relayée dans plusieurs départements qui ont pris la décision d’interdire la pêche à l’aimant dans leurs cours d’eau publics. Il faut avouer que certains laissaient grenades et obus le long des berges une fois remontés, sans prévenir les autorités…Merci aux Youtubeurs qui relaient une pratique sans aucune ethique de l’orpaillage, de la peche et de la détection, comme un certain cris…Grâce à eux, nous sommes plus que jamais dans le viseur des autorités.
En Picardie, la détection de métaux est interdite à cause du militaria. La véritable raison de cette interdiction est toute autre et relève du règlement de compte dans les années 80 avec certains prospecteurs et professionnels peu scrupuleux. En effet, toute la Picardie n’a pas été un champ de de bataille…A contrario il est possible de trouver des vestiges militaires sur tout le territoire et pas que dans les zones de guerre.

Pourquoi toute la France regorge de Militaria
On peut considérer que le territoire français a été miné en trois périodes : – Celle de la campagne de 1940, qui a touché, avant tout, l’Est du pays, à savoir l’Alsace, les Vosges et les Ardennes. – Celle de 1942 à 1944, qui a recouvert les plages de Normandie et de la Méditerranée. – Celle des combats de 1944-1945, dont le minage fut nettement plus dispersé. Lorsque les mines et les engins non explosés n’ont pas tué les fantassins immédiatement, ils mutilent d’autres victimes en leur causant un traumatisme et des souffrances à vie, entraînant parfois des séquelles sociales importantes. On peut citer les obus piégés au phosphore, les grenades non percutées mais ce n’est pas tout. De nombreuses mines restent ainsi actives des dizaines d’années après la fin des conflits. De ce fait, la majorité de leurs victimes sont donc des civils. La technologie s’améliorant avec le temps, les Américains découvrirent en Lorraine les premières mines non métalliques fabriquées par les Allemands en 1944. Elles se constituaient de bois et de Bakélite, ou de carton et de verre. Près de 120 000 de ces mines furent trouvées dans un seul champ.
1% du territoire tut miné durant cette guerre, ce qui représente l’équivalent en superficie des villes de Paris, Lyon, Marseille, et Bordeaux réunies. Toutes les zones côtières et frontalières furent touchées. Cinquante deux départements au total demandèrent un nettoyage plus ou moins important. Le département des Bouches-du-Rhône a été le plus atteint avec près de 51.300 hectares de surface minée ou dangereuse. Dans le palmarès des records, on trouve les Vosges avec 42.100 hectares, l’Hérault avec 17.500 hectares et les Hautes Alpes avec 9.680 hectares, alors que les départements de la Sarthe ou de la Mayenne semblaient, aux dires des statistiques, n’avoir que deux hectares minés.
Après la guerre, les Américains admettront que les mines furent responsables de 2,5 % de leurs pertes humaines au combat et de la destruction de 20,7 % de leurs chars. Le rapport entre le nombre de mines enlevées et celui des accidents mortels est de 1 Français tué pour une moyenne, au premier semestre 1946, de 28 450 mines enlevées. Le mois de juillet 1945 fut le plus mortel avec 1 tué pour 24 000 mines enlevées, alors qu’en février on constata heureusement un taux de mortalité inférieur, soit 1 tué pour 51 000 mines. Il en fut de même au mois d’avril où seulement un accident mortel fut relevé pour 64 000 mines retirées du sol. Pour 10 000 mines enlevées : il y a eu en moyenne 7 accidents faisant 2 morts et 5 blessés parmi les démineurs français et les prisonniers allemands. On estima que 1 % du territoire français avait été miné, soit 500 000 hectares. La France fut considérée comme un pays dévasté et ruiné, avec plus de 32,5 millions de bombes et obus non explosés. Durant les opérations de déminage entre 1945 et 1947, on comptera 2 000 morts chez les prisonniers allemands, 592 tués parmi les 3 200 démineurs français et plus de 800 blessés graves. De 1945 à 1950, 75 % des accidents enregistrés furent dus à des déminages d’engins ou munitions non explosés.

Ce n’est qu’en 1952 que le ministre de la reconstruction E. Claudius-Petit satisfait un vœu, maintes fois exprimé, en inaugurant solennellement un monument dédié aux morts du déminage. Situé symboliquement au sommet du Ballon d’Alsace, il porte l’inscription des noms des 594 victimes dénombrées officiellement. De 1945 à 1985, les démineurs français auront neutralisé quelques 650 000 bombes d’aviation, plus de 13,5 millions de mines et près de 23 millions d’obus.
La surface française minée était égale à 12 fois celle de Rio de Janeiro. Une équipe de 4 hommes ne pouvant nettoyer plus de 500 mètres carrés par jour, les démineurs avaient déjà enlevé 12 millions de mines, soit 5 fois le poids de la Tour Eiffel, au 1er mars 1947. Au moins 30 millions d’objets divers ont donc été manipulés en 3 ans de déminage par 40 000 mille hommes, français et allemands confondus. Chaque démineur aurait traité 750 engins à lui seul et si tous les prisonniers avaient été réellement des ” démineurs “, il y en aurait eu bien plus encore ! En 1972, 27 années après la fin du dernier conflit, soit 54 ans après l’armistice du 11 novembre, le Service de déminage enlevait en moyenne 300 000 engins du sol français, chaque année.
Fin 1972, les démineurs français étaient au nombre de 42, leur âge moyen étant plus proche de 60 ans que de 50, mais la relève a déjà commencé. Des jeunes ont montré qu’ils voulaient suivre l’exemple des anciens, et qu’ils désiraient acquérir leurs qualifications. L’expérience du travail pénible et dangereux de recherches, de neutralisation, et de destruction des munitions et des engins explosifs, s’acquiert sur le terrain, mais elle exige également de solides connaissances. Le pourcentage des munitions non explosées était de 50% lors de la guerre de 1870, de 30% lors de la Première Guerre Mondiale et seulement de 10% au cours de la Seconde Guerre Mondiale. La Première Guerre Mondiale coûta la vie à près de 9 millions de personnes, la deuxième à 40 millions.
Mais il est absolument certain que la mine tua une multitude de combattants des armées alliées lors du dernier conflit mondial. Dans un document officiel du 1er mars 1945, on pouvait lire : ” 75% des soldats alliés tués l’ont été par mine ou piège… “. Ainsi, sur 100 tués, 25 soldats le furent par balles et munitions non explosées, telles que grenade, obus, bombe, etc … , et 75 par l’explosion de mines. Après la Seconde Guerre Mondiale, près de 13 millions de mines restaient enterrées sur le territoire français, prêtes à tuer… 617 démineurs volontaires sont morts en service commandé, dont 12 sont décédés entre le 19 juin 1985 et le 18 juillet 1990.
N’oublions pas non plus tous les anciens terrains d’entrainement militaires qui regorgent de munitions. Avant et après les guerres, d’importants stocks de munitions ont été enterrés à la va-vite ou jetées dans les cours d’eau parfois pour ne pas que l’occupant mette la main dessus. N’oubliez pas qu’il est plus rapide et surtout plus économique d’enfouir des explosifs que de les désarmer.

Nos conseils sur la détection du militaria
Si vous découvrez des engins de guerre, appelez immédiatement la mairie ou la gendarmerie la plus proche, ou bien la protection civile, voire l’antenne de déminage dans chaque préfecture. N’en parlez pas autour de vous afin d’éviter les réactions de curiosité ou de panique. Procédez à un balisage discret de l’endroit, car trop souvent des accidents se produisent, blessant principalement des enfants. Quoiqu’il arrive :
– Ne pas essayer de dévisser la tête d’un obus, appelée aussi fusée !
– Ne pas tenter de scier ou percer un obus ou une munition !
– Ne pas décaper à la meule une munition rouillée !
– Ne pas plonger un obus ou une munition dans de l’acide pour le nettoyer !
– Ne pas toucher à main nue un obus, une grenade, une roquette ou plus généralement toute munition de guerre car elles peuvent vous contaminer ! Souvenez-vous que 30% des obus de 14-18, et 10% de ceux de 39-45 n’ont pas explosé, alors que 30% d’entre eux contenaient des gaz de combat, mortels en cas d’inhalation ou par simple contact.
Rappelez vous que depuis la circulaire de 2017, les vestiges des deux conflits mondiaux entrent dans la catégorie des “objets pouvant intéresser l’art l’archéologie ou l’histoire”. De manière générale, nous vous déconseillons fortement de passer votre détecteur sur un champ de bataille !
Comment reconnaitre une grenade
Les découvertes de grenades sont encore très fréquentes. Bien souvent, ces engins restent actifs et leur mise à jour nécessite l’intervention d’un démineur pour les neutraliser.
1) Les grenades à fusil
La grenade Tromblon Mauser

Grenade allemande créée en 1917, son diamètre est de 6 centimètres et la percussion de l’amorce se fait dans le tunnel à balle. Sa portée est de 180 mètres et son poids de 440 grammes. Elle se lance avec une cartouche à balle afin d’éviter les accidents et de perdre du temps. Son retard après la mise à feu de l’amorce est de 5 secondes. Elle se fixe au bout d’un tromblon, en l’occurrence le Mauser Gewehr qui est un fusil dont l’extrémité du canon s’évase en forme d’entonnoir afin de recevoir le corps de la grenade.
La grenade VB (Vivien Bessières)

Elle est tirée grâce au tromblon VB en acier trempé, de calibre 50 mm. La partie arrière du tromblon est constituée par une douille fendue qui glisse à frottement doux sur le canon du fusil en emboîtant le guidon. Au départ du coup, les gaz produits par la poudre de la cartouche agissent sur le culot de la grenade et la projettent en avant, tandis que la balle traverse le tube central, frappe la palette, ce qui détermine la percussion de l’amorce. Celleci allume la composition fusante qui brûle pendant 8 secondes et provoque l’explosion de la grenade par l’intermédiaire du détonateur. Elle peut être tirée avec le mousqueton moyennant l’emploi d’un manchon spécial qui n’est pas distribué à l’infanterie. Dans la pratique, on utilisera le Lebel plus robuste que le mousqueton et, suivant les disponibilités, le fusil MAS 36 (Manufacture d’Armes de Saint-Etienne, modèle 1936). La grenade a une portée variant entre 80 et 170 mètres et possède les effets d’une grenade défensive du fait des rainures intérieures qui facilitent la fragmentation lors de l’explosion. La grenade pèse 490 grammes. Elle a été utilisée durant la seconde guerre mondiale.
La grenade à baguette
C’est une grenade allemande qui explose au ras du sol. Son poids est de 900 grammes et son extrémité est fermée par un bouchon creux en cuivre. La grenade à baguette ne sera pas souvent utilisée vu sa trop grande dangerosité ayant entraîné beaucoup d’accidents lors des manipulations.
2) Les grenades à main
La grenade Bertrand modèle 1915
Voici la désignation d’un modèle précoce de grenade à main française (du nom de son inventeur). Il s’agit d’une grenade à gaz, qui se présente sous la forme d’une boule en verre remplie de chlore, maintenue par du fil de fer au centre d’un corps en fonte de 6 centimètres de diamètre. Le fait de lancer la grenade contre un corps dur est suffisant pour briser l’ampoule. C’est une grenade peu performante.
La grenade Bertrand modèle 1916

Sa configuration est identique à la précédente, mais son poids est multiplié par 2.
Les pétards raquettes
Fin 1914 – début 1915, la guerre s’enlise et les adversaires s’enterrent. Des petites actions de harcèlement et de reconnaissance voient le jour. Mais le Lebel est bien embarrassant lorsque le fantassin rampe sous les barbelés ou court vers la tranchée ennemie. Or, pour nettoyer une sape ou un abri, rien ne vaut les grenades. Et les Poilus vont confectionner leurs propres engins. Il s’agit d’un pétard dont l’enveloppe est un tube d’acier de 12 centimètres de long et de 2,5 centimètres de diamètre contenant 100 grammes de mélinite (explosif puissant fait d’acide picrique fondu). Le tube est fixé sur une planche de bois et le système d’allumage est tous simple : un clou qui percute une amorce.
