Cette monnaie romaine de 5,29 grammes, trouvé avec un détecteur de métaux, fut frappée à Ravenne (RV) sous le règne de l’empereur Honorius (393-423 après J.C.). Elle arbore un beau portrait haut en relief, car l’avers représente Honorius, buste diadémé, drapé et cuirassé : on peut y lire “D N HONORIVS P F AVG“, soit “Dominus Noster Honorius Pius Felix Augustus“, à savoir “Notre seigneur Honorius pieux heureux auguste”.
La légende du revers, “VICTORIA AVGVSTORVM“, signifie “La Victoire des augustes“, Victoria (la Victoire) marchant à droite, tenant une couronne et une palme ; dans le champ : R / V ; à l’exergue : COM OB.
L’Identification de la Monnaie : Une aventure numismatique
Le but de ce témoignage n’est certes pas de proposer aux prospecteurs de s’adjoindre systématiquement quelque expert en numismatique. C’est que je participe aux activités d’un autre forum, s’agissant de l’identification des monnaies et objets trouvés, or c’est bien là que tout a commencé.
Un des identificateurs chevronnés m’y a conseillé de contacter par email un certain monsieur Dhenin, ce que j’ai fait, lui envoyant un cliché de cette pièce de monnaie accompagné de quelques renseignements la concernant, sa taille et son poids tout particulièrement. Deux jours plus tard, je recevais une réponse de ce monsieur, lequel paraissait très intéressé par ma découverte car il me demanda de pouvoir la lui montrer de visu. Après quelques échanges via Internet, un rendez-vous fut pris à la BNF (Bibliothèque Nationale de France).
La révélation du poids à la BNF
Monsieur Dhenin me conduisit dans la grande salle des archives où tous les types de monnaies connues sont exposés. Quel bonheur de pouvoir contempler de telles merveilles !
Je sortis ma pièce énigmatique et on entreprit une discussion circonstanciée sur les tenants et les aboutissants de cette trouvaille. Pour lui, comme pour moi d’ailleurs, il ne pouvait s’agir que d’un solidus, mais un doute survint quant à sa taille : elle était légèrement plus grande que celle d’un solidus. Il vérifia le poids de la monnaie, et là, surprise, elle ne pesait pas 4,29 grammes comme je lui avais dit précédemment, mais bien 5,29 grammes, ce qui évidemment remettait en question son identification.
Car ce n’était plus un simple solidus que j’avais trouvé, mais un L’empereur Honorius aureus, type de monnayage encore plus rare vu qu’il n’en existe qu’un seul exemplaire répertorié… sous Arcadius.
La décision de publication et le don à la BNF
L’émotion passée, il me demanda ce que je comptais faire de ma monnaie. Je lui ai répondu tout simplement que je tenais à “la faire connaître“. Je l’ai senti tout à coup extrêmement soulagé. Je vous rassure chers lecteurs, il n’y avait là aucun membre patenté de la police nationale, ni même quelques policiers relevant des instances municipales, donc je n’ai pas été arrêté, menottes aux poignets.
Du coup, on a discuté sur les trouvailles fortuites. Puis il m’emmena dans les sous-sols de la BNF, où j’ai eu tout le loisir de visiter l’atelier de restauration des monnaies. Là, des photos de cette “rareté” ont été prises, et des empreintes moulées avec une nouvelle résine. Monsieur Dhenin m’indiqua alors la marche à suivre pour réaliser une publication de ma découverte : c’est-à-dire authentifier la monnaie en lui retraçant son histoire, raconter les circonstances de sa trouvaille, mentionner le nom de son inventeur, lui donner une référence, enfin publier l’ensemble dans un ouvrage officiel.
Finalement, ne voulant pas voir disparaître cette monnaie, j’ai donc décidé d’en faire don à la BNF.
Qui fut Honorius ? Un empereur face au déclin de l’Empire
Flavius Augustus Honorius, dit Honorius, est né en 384 et mort en 423. Deuxième fils de Théodose Ier, il devint Empereur d’Occident en 395, à la mort de son père, tandis que son frère aîné, Arcadius, était couronné Empereur d’Orient (à l’origine, l’Empire romain d’Occident couvrait l’Afrique du Nord, l’Île de Bretagne, la Gaule, les péninsules ibérique et italienne, ainsi que la Dalmatie jusqu’au Danube). Il était âgé de onze ans lorsqu’il accéda au trône.
Presque aussitôt cette élévation, la cour de l’Empire romain d’Occident quittait définitivement la ville de Rome. Il est vrai que la pression des Barbares se faisait plus forte de jour en jour. Abandonnant l'”Urbs” (Rome) à un Sénat de plus en plus amorphe et à un pape qui attendait la conflagration finale, l’empereur Honorius se réfugia à Ravenne, quasi imprenable au milieu de ses marécages. La situation militaire et politique se dégradait d’année en année.
En 401, Alaric et ses Wisigoths, qui avaient envahi l’Italie, furent repoussés à grand peine par les armées romaines, désormais composées presque exclusivement de contingents de Barbares et commandées par un général d’origine Vandale, Stilicon, l’homme fort de l’Empire et seul chef de guerre capable de faire pièce aux ambitions d’Alaric. Honorius, lassé de son tuteur, le fit assassiner en 408.
Sous le règne d’Honorius, l’Italie fut ravagée par le Wisigoth Alaric qui, en 410, prit et pilla Rome. La Gaule et l’Espagne furent envahies et dévastées par les Vandales, les Wisigoths et les Burgondes. En 414, pour se concilier les Wisigoths, Honorius donna sa sœur Galla Placidia en mariage au roi Athaulf, successeur d’Alaric, et dut lui abandonner l’Aquitaine. Il se brouilla avec son frère Arcadius. Puis Honorius dut faire face à l’usurpation d’un soldat gaulois, Constantin III, avec lequel il finit par se réconcilier. C’est en 402, sous le règne d’Honorius, que Ravenne devint la capitale de l’Empire. Honorius mourut à Ravenne en 423.
