Le rêve tant espéré de tout fana de détection vient d’être réalisé par Gouloume, un internaute bien connu parmi les membres du forum du Fouilleur, car notre prospecteur parcourait, à la billebaude, une lisière de forêt dans le Pas-de- Calais, lorsqu’il eut la chance de déterrer une monnaie en or, frappée à Rome en 161 après J.-C, dont nous allons vous présenter la découverte juste après puis le contexte historique des monnaies romaines pendant l’époque de Marc Aurèle.
Brève description de l’aureus de Marc Aurèle
Le diamètre de cette belle monnaie est de 19 millimètres. A l’avers : IMP CAES M AVREL ANTONINVS AVG, “Imperator Cæsar Marcus Aurelius Antoninus Augustus Pontifex Maximus”, (L’empereur César Marc Aurèle Antonin Auguste Grand Pontife), buste nu de trois quarts, nu à droite. Au revers : CONCORDIAE AVGVSTOR TR P XV, “Concordia Augustorum Tribunicia Potestate quintum decimum// Consul tertium”, (la Concorde des Augustes revêtu de la quinzième puissance tribunitienne consul pour la troisième fois). Marc-Aurèle et son coempereur Lucius Verus face à face se serrant la main, l’un d’eux portant un livre. en exergue : COS III (Consul tertium).
La Concorde doit accompagner le nouveau règne qui débute le 7 mars 161 par l’adoption de Lucius Vérus. Les deux Augustes sont souvent représentés avec la même légende de revers se donnant la main.
Marc Aurèle, le stoïcien
Marc-Aurèle (IMPERATOR CAESAR MARCVS AVRELIVS ANTONINVS AVGVSTVS ARMENIACVS MEDICVS PARTHICVS MAXIMVS GERMANICVS SARMATICVS), né le 26 avril 121, mort le 17 mars 180) fut un empereur romain et un philosophe stoïcien. Marc-Aurèle, ” qui cultiva pendant toute sa vie la lecture, et l’emporta sur tous les empereurs par la pureté de ses moeurs, était fils d’Annius Vérus, lequel mourut préteur “.
C’est un romain qui a écrit en grec, car c’était la langue des philosophes, en particulier celle d’Epictète, dont l’empereur a pu lire les ” Entretiens “, grâce à son conseiller stoïcien Rusticus, esclave devenu affranchi, alors que l’empereur devint son disciple… S’agissant de l’être et des néants, Marc-Aurèle écrit que ” ne plus être ” ou ” devenir autre ” revient au même. Le fait de subsister éternellement dans la Nature, sous d’autres formes, exclut l’immortalité de l’âme. Tout homme est un être unique entre deux néants anonymes…
Un peu d’histoire : les racines ancestrales de Marc Aurèle
L’aïeul de Marc-Aurèle, Annius Vérus, consul et préfet de Rome, fut agrégé aux patriciens par les empereurs Vespasien et Titus, pendant leur censure. Son oncle paternel, Annius Libon, fut consul ; sa tante Galérie Faustine porta le titre d’Auguste ; sa mère Domitia Calvilla était fille de Calvisius Tullus, qui avait obtenu deux fois le consulat. Son bisaïeul paternel, Annius Vérus, après avoir exercé la préture dans le municipe de Succube en Espagne, devint sénateur. Son bisaïeul maternel, Catilius Sévère, fut deux fois consul et préfet de Rome. Son aïeule paternelle était Rupilie Faustine, fille du consulaire Rupilius Bonus.
Marc-Aurèle naquit à Rome le six des calendes de mai (26 avril 121), dans les jardins du mont Célius, sous le second consulat de son aïeul et sous celui d’Augur, au sein d’une famille italienne qui vécut longtemps en Espagne. Il fut élevé dans le même endroit où il naquit, dans la maison de son aïeul Vérus, près du palais de Latéran. Il eut une soeur plus jeune que lui, nommée Annia Cornificia.
Quand Marcus devint Marcus Aelius Aurelius Verus, dit Marc Aurèle
Après la mort de son père, alors qu’il n’avait que trois ans, l’empereur Hadrien le prit sous sa protection et demanda, en 138, à son fils adoptif Antonin, de l’adopter à son tour ainsi que Lucius Verus, le fils de celui qu’Hadrien avait d’abord choisi comme héritier et qui venait de mourir. Après son adoption, il devint Marcus Aelius Aurelius Verus. En 145, il épousa sa cousine germaine Annia Faustina (Faustine la Jeune), la fille d’Antonin, dont il eut de très nombreux enfants.
Il est certain que Marc-Aurèle fut profondément affecté par le décès, en 176 à Halala en Cappadoce, de celle que les soldats appelaient affectueusement, du fait de sa présence aux côtés de son époux dans les campagnes militaires, Mater castrorum (la Mère des camps). Ses qualités morales et l’excellence de l’éducation reçue l’ont fait remarquer par Hadrien qui reconnut en lui un successeur possible, mais trop jeune en 138, il devra attendre la mort d’Antonin pour monter sur le trône le 7 mars 161. Par respect pour Hadrien, il associa alors son frère d’adoption Lucius Verus à l’Empire.
Le règne de l’empereur philosophe, Marc Aurèle
Son règne fut marqué par la recrudescence des guerres sur tous les fronts : l’empereur philosophe, converti au stoïcisme, dut passer tout son règne à tenter de colmater toutes les brèches qui s’ouvraient dans les frontières d’un Empire immense et attaqué de toutes parts. En janvier 169, Lucius Verus meurt épuisé et malade et laisse ainsi Marc-Aurèle comme seul empereur. C’est lors d’une de ses campagnes sur le Danube que Marc-Aurèle tombe malade, en Pannonie. Il meurt le 17 mars 180, probablement frappé par la peste (dont la nature exacte est inconnue) à Vindobona (aujourd’hui Vienne en Autriche).
Sitôt qu’il sentit sa fin approcher, il ne s’occupa plus que de son fils Commode, qui n’avait que quinze ou seize ans, car l’empereur craignait qu’abandonné à lui-même dans une si grande jeunesse, il n’oubliât bientôt les bonnes instructions qu’on lui avait données, pour se livrer aux excès et à la débauche. Contrairement aux sages pratiques de ses prédécesseurs, déjà entamées par Hadrien, il laissa l’empire non pas au plus digne mais à son fils, renouvelant des pratiques dynastiques qui avaient été fatales, au Ier siècle, aux Julio-Claudiens puis aux Flaviens.