Ce magnifique trésor de monnaies carolingiennes a été publié dans le n°54 du magazine Le Fouilleur il y a quelques années. Voici encore une fois l’histoire de ce fabuleux dépôt de monnaies trouvé par Le Phoenix, client de la Boutique du Fouilleur équipé de son détecteur Teknetics T2 bien aidé par un Makropointer !
Si on m’avait dit que je trouverais un trésor par ce beau dimanche !
L’histoire débute ce dimanche 8 février… Il y a quinze jours après avoir emmené une bouteille de vin à un agriculteur auprès duquel j’ai déjà obtenu quelques autorisations l’année dernière dernière, je lui demande si la prairie plus loin est à lui. Il me répond que oui et que je pouvais y passer mon détecteur. Ce dimanche je décide d’y aller !
Malgré cinq fer à boeufs, un tube d’aspirine et bon nombre de déchets, sans oublier un vent glacial je décidais de m’acharner. Au bout de 2 heures je tombe sur un dé à coudre de quoi me remonter le moral. Quelques centaines de mètres plus loin, un autre son se fait entendre; je creuse et hop voilà un crucifix. Je continue, et là, un autre bon son sort de mon T2. Je creuse et un petit morceau de ferraille remonte à la surface. S’agit-il d’un sixième fer à boeuf ?
Un trésor de 32 deniers carolingiens en argent au total !
Ma surprise fut totale en voyant apparaitre au fond du trou une monnaie…enfin, ce ne fut que la première car 31 autres allaient suivre. J’ai du me servir de mon nouveau Makropointer pour ne pas en oublier ! Il s’agit d’un trésor de monnaies carolingiennes et plus précisément des deniers immobilisés de Charles le Simple, frappés à l’atelier de Melle.
Melle : un important atelier de frappe pendant le haut Moyen Age
Durant le haut Moyen Âge, Melle fut l’un des ateliers de frappe monétaire les plus actifs, grâce à d’importantes mines d’argent situées sous la ville et aux alentours. Il a été recensé plus de 10.000 monnaies au nom de de l’atelier de Melle, alors qu’il n’en a été listé que 244 dans un atelier comme Paris !
Les mines d’argent de Melle ont été exploitées de 602 jusqu’à au moins 995. Le minerai extrait était de la galène c’est à dire du plomb contenant de l’argent. Le plomb servit tout d’abord à payer un tribut aux rois francs : sous Dagobert Ier, huit mille livres en étaient envoyées tous les ans à Paris où il servit à la couverture de la basilique Saint-Denis.
Le monnayage fut actif de 768 à 1189. L’atelier monétaire faisait notamment partie des dix ateliers autorisés à maintenir leur activité grâce à un édit de Charles le Chauve de 864. Il était le seul légal pour la grande Aquitaine. Deux types de monnaies étaient frappées : l’obole et le denier.
L’activité dans un atelier est ainsi décrite : « Les lingots étaient taillés en autant de livres que l’on voulait. On martelait les lingots pour les réduire à l’épaisseur des deniers, puis on découpait des petits carrés, on les arrondissait à coups de marteau et on leur donnait le poids voulu. Les matrices (les coins) étaient façonnées par les graveurs, à l’aide de poinçon, pour donner à chaque côté de la pièce, soit un monogramme royal, soit l’effigie de l’empereur, soit le nom de l’atelier. Le coin trouvé à Melle et conservé au musée de Niort porte la légende CARLUS REX FR (même légende que la monnaie ci-dessus). De nos jours on peut encorevisiter une petite partie des anciennes mines d’argent, qui sont les plus anciennes visitables d’Europe. Elles précèdent de plusieurs siècles celles de Bohême.
En 848, les Normands atteignent et pillent Melle. C’est un peu avant l’an 1000 que l’atelier est transféré à la fois à Niort, à Saint-Jean-d’Angély et à Poitiers. La désaffection des mines à cette époque est peut-être due à un épuisement des filons, ou à des modifications politiques et économiques.