La fréquence de travail est l’un des éléments déterminants à prendre en compte dans l’achat d’un détecteur de metaux. Ce choix est bien souvent synonyme d’hésitations et questions pour les prospecteurs qu’ils soient débutants ou chevronnés. Beaucoup de professionnels, aussi, s’emmêlent les pinceaux dans des explications peu claires et finissent par adapter leur discours pour proposer au pauvre néophyte le détecteur lui rapportant la plus grosse marge ou tout simplement celui qu’il aura en stock. Grâce à cet article, vous serez en mesure de choisir la fréquence qui vous convient le mieux.
Qu’est ce que la fréquence de détection ?
Pour faire simple c’est le rythme selon lequel bat le cœur de votre détecteur. Plus elle est élevée, plus le détecteur envoie des informations/signaux dans le sol. Elle indique le nombre de fois qu’un signal achève un cycle en 1 seconde et se mesure en Hz. Pour les détecteurs on exprime la fréquence en kHz (1000hz=1kHz). Si elle achève 15000 cycles en une seconde comme le schéma ci-dessous l’illustre, alors elle est de 15kHz.
On distingue les détecteurs haute, basse et moyenne fréquence, sans oublier les détecteurs multifréquence. Il est donc crucial avant de faire l’acquisition d’un détecteur de comprendre quelle fréquence vous conviendra le mieux. Il faut donc vous poser un certain nombre de questions :
Dans quelle région et sur quels types de terrain vais-je aller détecter (forêt, champs ou plage sur sable mouillé) ?
Quel aspect du détecteur compte le plus pour moi : légèreté, facilité d’utilisation, prix, discrimination, puissance ?
Quel est le type d’objets métalliques que je recherche en priorité : un peu de tout, euros sur la plage, objets militaires en fer, cibles difficiles à trouver (petites pièces en alliage), or natif (pépites) ?
En cas de question, consultez ce guide dédié aux réglages et fonctionnalités d’un détecteur de métaux.
Les détecteurs Basse Fréquence (4-8Khz)
Les détecteurs fonctionnant à basse fréquence (4-8 kHz) conviennent à un usage généraliste, c’est-à-dire pour une détection de tous les jours. Ils sont très à l’aise notamment sur les gros modules (pièce de diamètre supérieur à 20 mm, objets usuels…) voire certains gros objets ainsi que sur les gros conducteurs que sont l’argent et le bronze. Certains descendent même sans problèmes au delà des 30 à 40 cm pour des pièces ou objets ayant des diamètres supérieurs à 30 mm à condition de les équiper d’un grand disque (30, 38 ou 45cm SEF).
Ils sont très à l’aise en gros labours, forêt ou prairie, c’est-à-dire sur tout type de terrain ou le disque n’est pas directement en contact avec le sol à cause d’herbes, de grosses mottes ou d’humus. La puissance accrue de ces machines leur permet de compenser ce manque de contact. C’est le cas notamment du Relic Striker de Detech. Les fans de militaria utilisent ce type de détecteur. Quand le sol est minéralisé, ces détecteurs ont quelques difficultés, il vous faudra baisser leur puissance ou recourir à une compensation manuelle de l’effet de sol pour les modèles qui sont dotés de cette fonctionnalité avancée.
Autre gros avantage des détecteurs basse fréquence, ils éliminent parfaitement le fer. Dans un terrain très pollué ou votre détecteur est victime de faux signaux optez pour une fréquence basse si votre détecteur vous donne le choix.
Les détecteurs d’entrée de gamme sont quasiment tous des « basse fréquence ». Attention, certains professionnels peu scrupuleux vous annoncent un gain de performance en passant de 6 à 8kHz par exemple (passage d’un ACE 250 à un EuroAce ou 400i). Sachez qu’il n’en est rien. Pour une précision accrue sur petites cibles il faudra au moins atteindre la barre des 14kHz ou mieux des 18kHz.
En effet, le seul défaut d’un détecteur basse fréquence est sa piètre performance sur les cibles difficiles en limite de détection; comprenez par cela une toute petite monnaie en alliage (potin, billon ,electrum…) ou pièce/bijoux en or fin à la limite de profondeur que votre détecteur peut atteindre. Sachant que la plupart des trouvailles anciennes tombent dans cette catégorie, vous comprendrez pourquoi en Europe, les détecteurs à fréquence élevée sont très recherchés pour trouver les monnaies et objets antiques ou médiévaux.
Les détecteurs haute Fréquence (17-22Khz)
Les appareils haute fréquence (17-19 kHz) sont des détecteurs très spécifiques qui ne conviennent pas un usage tout terrain. Contrairement à certaines idées reçues et à la désinformation de certains fabricants relayée sur internet, ces détecteurs ne sont pas réputés pour leur puissance. Au contraire, ce sont des détecteurs à usage limité qui sont très efficaces sur des cibles ignorées par les autres machines, notamment les toutes petites pièces et les alliages (billon, potin, électrum) ainsi que l’or. Ils sont en tout point l’opposé des détecteurs basse fréquence.
Ils permettent d’obtenir de meilleures performances sur terrain minéralisé que les autres appareils à fréquence plus basse et sont moins sensibles aux perturbations électromagnétiques. Ils sont « redoutables » pour la recherche de très petits modules (pièce de moins de 20 mm) dans les 20 premiers centimètres, ce qui vous garantit de ne pas laisser passer « la moindre petite trouvaille » au risque de sortir de terre de nombreux et minuscules objets ou éclats, en bronze ou en cuivre. Ces détecteurs réagissent très bien sur l’or et sur les alliages, mais malheureusement aussi sur l’aluminium dont la signature est proche de celle du métal jaune…
Un détecteur haute fréquence sera de ce fait plus instable qu’un détecteur basse fréquence car il réagit très bien sur les toutes petites cibles faiblement conductrices. Ainsi sur un terrain très pollué en petits conducteur comme le petits ferreux (clous…), l’utilisation d’un appareil haute fréquence tourne souvent au cauchemar de part le concert de faux signaux et crachotements engendré par les clous.
Autre point noir, leur puissance au-delà de 20 cm est moindre que les machines basse fréquence. Leur terrain de prédilection est le champs labouré peu pollué en ferreux. Pour optimiser leurs performances on les équipe généralement de petits disques de forme elliptique et non de grand diamètre, car c’est surtout précision et sélectivité qu’on attend de ce genre de machines. Pour des performances honnêtes en forêt il vous faudra équiper votre appareil haute fréquence d’un disque de diamètre 27 cm DD ou supérieur ou opter pour un 2eme détecteur cette fois- ci en basse fréquence.
On trouve également des détecteurs très haute fréquence à plus de 20kHz; ils n’ont aucun interet en France puisqu’ils sont dédiés à l’origine à la recherche de pépites en terrain très minéralisé en Afrique. Ainsi l’ORX n’est autre qu’un DEPAR DPR 600 sorti en 2015 et affublé d’un nouvel autocollant…Depar est en fait le distributeur turque de XP qui vend énormément en Afrique. Vous avez constaté qu’à 18kHz votre détecteur émettait des faux signaux et perdait en profondeur…imaginez à 56kHz ou 70kHz !
Les détecteurs moyenne Fréquence (10-12Khz)
Les détecteurs travaillant avec des fréquences de 10 à 12 kHz offrent des performances honnêtes pour tout type de recherche ou terrain avec toutefois une préférence pour les champs. C’est la fréquence de prédilection de la défunte marque TESORO ou des détecteurs Garrett 400i et Simplex de Nokta Makro.
Les détecteurs moyenne-haute Fréquence (14Khz)
On considère qu’à partir de 14 kHz, nous avons affaire à des détecteurs «moyenne haute fréquence». Ces derniers sont très populaire depuis 10 ans car ils permettent une plus grande polyvalence. 14kHz est pour nous la meilleure fréquence. Plutôt que de jongler entre 2 détecteurs basse et haute fréquence ou d’être obligé d’investir dans une machine multifréquence , optez pour un détecteur 14kHz. Avec ces machines vous cumulez les avantages d’un appareil haute et basse fréquence sans avoir à perdre du temps dans une programmation compliquée.
Tesoro il y a 15 ans avec ses Cibola/Conquerant puis Teknetics avec ses T2 et PAtriot, Fisher avec des F75 et récemment Garrett avec son AT PRO/AT MAX ont opté pour la fréquence moyenne-haute de 14kHz. Si les ventes des Garrett AT Pro restent faibles en France, la donne est différente pour les T2 et T2 Black/UPG qui sont souvent en rupture de stock mondiale compte tenu de la forte demande. La fréquence 14Khz cumule les avantages d’un appareil haute et basse fréquence, d’où l’engouement pour cette fréquence, d’autant que le T2 outre cette fréquence intéressante est par ailleurs très performant et simple à utiliser. Sa version limitée “UPG” offre de surcroit 2 modes permettant de gagner en profondeur sur petites cibles (Boost Process – BP) ou grosse masse (Cache Locator – CL), sans oublier le mode FA (Fast Process), hyper-réactif pour terrains pollués. Gros avantage, chez Fisher et Teknetics, malgré une fréquence élevée de 14kHz, il n’y a presque aucun faux signal grâce à un retraitement du signal breveté, la fameuse “sauce spéciale”.
Les détecteurs multi-fréquence
On distingue 2 catégories de détecteurs multifrequence. Les détecteurs plus anciens qui proposent au choix plusieurs fréquences comme les XP DEUS et XP ORX mais qui ne sont pas capables de faire rayonner simultanément dans le sol plusieurs fréquences…
Les véritables détecteurs multifréquence (MF) permettent eux de faire rayonner en même temps dans le sol plusieurs fréquences. L’avantage de ces détecteurs MF simultané est de pouvoir passer sur les terrains les plus minéralisés comme la plage. Fisher (avec sa série CZ) et Minelab (avec ses FBS et BBS et plus récemment son MultiIQ) sont les deux marques pionnières dans ce domaines. Minelab avec son Multi IQ qui equipe les détecteurs Vanquish et détecteurs Equinox propose la technologie la plus avancée. Garrett s’est jeté dans la bataille en 2020 avec son MultiFlex qui équipe les Apex. Hélas, technologie et performances sont en retrait.
L’avantage du Multi-IQ est de pouvoir choisir entre plusieurs modes dans lesquels on peut choisir l’échantillon de fréquences à faire rayonner en même temps dans le sol. La technologie Multiflex de Garrett ne le permet pas. Ainsi en Field ou Park sous mode 2 sur un Equinox on enverra des fréquences de 1 à 143kHz ce qui induit des faux signaux de par la présence de fréquences très hautes. En sous mode 1 on enverra des fréquences simultanement de 1 à 10kHz, donc plus basses; en sous mode 1 votre détecteur n’émet quasiment plus aucun faux signal. vous l’aurez compris, même la technologie multifréquence ne nous affranchit pas complètement des contraintes de base des fréquences.
Au delà du schéma classique des fréquences.
On a souvent expliqué, comme dans les paragraphes ci-dessus que les détecteurs basses-fréquences étaient meilleurs sur gros modules que sur petits modules. Il est vrai qu’une petite cible, et c’est d’autant plus vrai si c’est un alliage (potin, billon, électrum…) est difficile à détecter avec ce genre de fréquence basse fréquence surtout si elle se trouve un peu profondément. D’un autre coté, ce genre de cibles se trouve souvent sur des lieux de vie ou de passages depuis plusieurs siècles ou millénaires. Ce genre de lieu est caractérisé par une forte pollution en petits objets ferreux (clous…) notamment s’il s’agit de ruines. Cela rend les recherches délicates, puisque qu’il faudrait un appareil haute fréquence pour trouver les cibles difficiles et un appareil basse fréquence pour limiter les faux signaux dus à la présence de clous.
La fréquence de 14kHz offre un excellent compromis puisque les performances en terrain propres sont excellentes notamment sur petites cibles et alliages mais aussi sur gros modules et que sur terrain pollué, elles sont bien meilleures que les appareils basse ou moyenne fréquence, mais reste encore en deçà de celles des appareils haute fréquence.
Avant les prospecteurs complétaient leur détecteurs haut de gamme basse fréquence par un détecteur haute fréquence. Aujourd’hui, un prospecteur commence toujours par l’achat d’un détecteur entrée de gamme en basse fréquence, dont il se sépare à moyen terme pour s’acheter un 14kHz plus performant et polyvalent et qu’il complète plus tard par un deuxième détecteur haute fréquence, voir un 3ème détecteur de plage/de plongée. Depuis 2017, et l’arrivée du Multi IQ, un Equinox permet d’avoir quasiment tout en un seul détecteur, mais il faut savoir bien le régler et comprendre comment éliminer les faux signaux induits par le recours à des fréquences élevées dans la plupart des modes.
Conclusion
Vous l’aurez compris il n’y a pas de « meilleure fréquence » dans l’absolu. Celle qui vous conviendra le mieux dépend de vos terrains de prédilection, de ce que vous cherchez, de votre région et des détecteurs que vous possédez déjà. Le mieux est de détecter un terrain avec un haute fréquence si vous l’avez déjà parcouru avec un basse fréquence et vice et versa. Si vous recherchez une machine polyvalente comme premier détecteur, optez pour un 14kHz type T2. Grâce à lui vous avez un tout en un vraiment performant sans faux signaux; ce n’est pas un hasard si les fabricants de détecteurs multifréquence laissent comme choix de fréquence une basse, une haute et du 14/15kHz ! Les détecteurs multifrequence simultané marque la plus grande avancé de ces 40 dernières années car ils vous permettent de passer en une fois sur le terrain avec plusieurs détecteurs en un; cela se fait hélas au prix de faux signaux.
