Quoi de mieux pour parler d’un empereur romain en commençant par vous présenter une monnaie trouvée en détection. Elle a déterré là une monnaie en or frappée à Rome en 65 ou 66 après J-C.
L’Histoire de cette monnaie, à l’époque de Néron
Le diamètre de cette belle monnaie est de 17 millimètres, son poid est de 7,20 g. A l’avers : NERO CAESAR – AVGVSTVS, ” Nero Cæsar Augustus ” (Néron César Auguste). Tête laurée de Néron à droite. Au revers : SALVS à l’exergue, ” Salus ” (la Santé). Salus (la Santé) assise à gauche sur un trône à dossier, tenant une patère de la main droite. La fin du règne de Néron fut marquée par la Réforme monétaire.
Le poids de l’aureus fut abaissé du 1/42 L. au 1/45 L. (de 7,73 g à 7,22 g), son titre restant pur à 24 carats. Le poids du denier connut le même sort, passant du 1/84 L. au 1/96 L. (de 3,84 g à 3,38 g) avec un titre d’environ 900 millièmes qui devait rester stable, en dehors de la guerre Civile de 68-70 jusqu’au règne de Trajan. La fabrication du monnayage de bronze fut aussi réorganisée et hiérarchisée grâce à l’utilisation des métaux et de la couronne radiée pour certains bustes.
Ce fut l’occasion pour l’atelier de Rome de frapper à nouveau l’or et l’argent, ce qui n’était plus arrivé depuis le règne d’Auguste, d’après les travaux de J.- B. Giard. Le grand p r o b – l è m e r e s t e l a datat i o n d e c e t t e Réforme, traditionn e l l e m e n t située en 64 et que certains auteurs voudraient placer l’année précédente, en 63. Le type de la Santé ne fait pas son apparition avant la deuxième émission en 65-66. (Source : Monnaies 18)
Des origines de Néron… d’après Suétone
Néron eut pour ancêtres les Ahenobarbi (surnom signifiant ” à la barbe d’airain ” : il s’agit évidemment de la couleur, et non de la consistance de leur système pileux), lesquels devaient leur origine et leur surnom à L u c i u s Domitius. C e l u i – c i , revenant un jour de la campagne, rencontra deux jeunes gens d’une beauté céleste, qui lui ordonnèrent d’annoncer au sénat et au peuple une victoire que l’on regardait encore comme incertaine. Pour lui prouver leur divinité, ils lui caressèrent les joues, et de noire qu’était sa barbe, elle devint rousse. Ce signe demeura à ses descendants, qui presque tous eurent la barbe de cette couleur.
Sa jeunesse, son accession à la pourpre impériale… et le début de ses exactions
Lucius Domitius Ahenobarbus, qui deviendra plus tard Lucius Domitius Claudius Nero, est né en l’an 37 de notre ère. Fils du consul Cneius Domitius Ahenobarbus et d’Agrippine la Jeune, arrière-petitefille d’Auguste, il est adopté en 50 par son grand-oncle, l’empereur Claude Ier, que sa mère a épousé en 49 ! C’est à la suite de cette adoption qu’Agrippine modifie le nom de son fils. En 53, Claude donne sa fille Octavie en mariage à Néron et le désigne comme son successeur à la tête de l’empire, en lieu et place de son propre fils, un certain Britannicus… Après la mort de Claude, qui survient en 54, la garde prétorienne, noyautée par Agrippine, proclame Néron empereur : il n’a que dix-sept ans.
Conseillé par ses tuteurs, Sextus Africanus Burrus, qui commande la garde prétorienne, et Sénèque, il fait preuve de modération et de clémence pendant les cinq premières années de son règne, tout en faisant empoisonner Britannicus pour éliminer un rival possible. Les choses se gâtent à partir de 59 : ne supportant plus la tyrannie de sa mère, qui ose critiquer sa maîtresse, Poppée Sabine, Néron la fait assassiner. Puis il se débarrasse de sa femme Octavie, en 62, d’abord en la répudiant afin de pouvoir épouser Poppée, puis en la faisant exécuter. Son tuteur Burrus meurt alors, peutêtre empoisonné lui aussi, et Sénèque se retire : voilà Néron seul au pouvoir.
L’incendie de Rome
Le 19 juillet 64, Néron est à Antium. Il s’y repose, chantant devant ses amis et courtisans des vers de sa composition. En pleine nuit, un courrier annonce une terrible nouvelle. Rome est en flamme et même le palais de l’empereur commence à brûler. Quatre heures plus tard, Néron est à Rome. L’incendie s’est déclaré dans la partie du grand cirque contigu au monts Palatin et Caelius. À l’endroit des petites échoppes des commerçants orientaux.
Le feu a dévoré ces boutiques remplies de marchandises puis a ravagé les quartiers surpeuplés de la ville en se propageant j u s q u ‘ a u Palatin. La panique s’est emparée de la population, hommes, femmes et enfants courent de tous côtés pour échapper aux flammes gênant ainsi le passage des secours. Beaucoup de personnes meurent asphyxiées, brûlées vives ou piétinées par les mouvements des foules. L’incendie continue à progresser détruisant les habitations. Certaines personnes gênent volontairement les mesures de défense allant même jusqu’à jeter des brandons incandescents pour alimenter le brasier. Dès son arrivée, l’empereur se montre efficace. Il fait ouvrir le champ de Mars, les monuments d’Agrippa et ses propres jardins pour héberger les sans-abri.
Des baraquements sont construits à la hâte. Le prix du blé descend à trois sesterces. Mais cela ne réussit pas à éteindre la rumeur racontant qu’au moment où les flammes commençaient à dévorer Rome, Néron chantait la ruine d’Illion (Troie) détruite par les flammes, du haut de la tour de Mécène. L’incendie dura six jours et autant de nuits, maintes fois rallumé par des mains criminelles. Sur les 14 régions de Rome, quatre seulement sont indemnes, 3 sont entièrement détruites et sept sont gravement atteints. Tout le centre de Rome composé des quartiers populeux est détruit. Sur le forum, la Basilica Regia, le Temple de Jupiter Stator, le temple de Vesta, la maison des Vestales sont presque détruits. Le grand cirque n’est plus qu’une ruine fumante et le palais de Néron et la domus Augustana sont ravagés.
Le massacre des chrétiens
Néron fait entièrement reconstruire les quartiers détruits. Les rues sont élargies, l’adduction d’eau améliorée, les maisons sont alignées et chaque demeure doit avoir son enceinte séparée. Néron fait raser son palais et fait construire la ” maison dorée “, une demeure d’une richesse extraordinaire. Pour dissiper les soupçons du peuple sur les causes de l’incendie, Néron fait accuser les chrétiens. La police procède aux arrestations, ceux qui confirment leur foi sont envoyés au supplice. Au cirque, des tourments barbares les attendent : on les enferme dans des peaux de bêtes et ils sont dévorés par les chiens, ou encore attachés à des croix enduites de matières inflammables, il brûlent en illuminant les alentours. 2.500 périront lors de cette persécution.
Les dernières années de son règne
Néron organise le pillage de l’Italie et des provinces pour trouver les ressources nécessaires à sa mégalomanie et se fait ainsi de nombreux ennemis. A Rome même, il scandalise l’armée et l’aristocratie en se donnant lui-même en spectacle : se croyant un grand artiste visionnaire et un éminent poète mystique, il participe comme acteur à la représentation de drames religieux. En 65, Néron tue Poppée enceinte d’un coup de pied dans le ventre alors qu’il était saoul. En outre, sa politique extérieure est désastreuse :
Les guerres qu’il mène pour protéger l’empire coûtent fort cher et ne sont pas couronnées de succès. La révolte des légions d’Espagne et de Gaule, soutenues par la garde prétorienne, en 68, lui sera fatale : obligé de fuir Rome, il est déclaré ennemi public par le sénat et se suicide en juin de la même année, avec l’aide de son secrétaire au moment où on allait lui signifier sa grâce. Il se serait écrié : ” Qualis artifex pereo ” (Quel artiste périt en moi).
Les monnaies sous Néron
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